Un jour, un chapitre : “Je serai champion !” chapitre 3

Un jour, un chapitre : “Je serai champion !” chapitre 3

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JE SERAI CHAMPION !

Une histoire écrite par Christine Hanon.

chapitre 3 : Sur la piste de Nairobi

Kip et moi, nous sommes devenus de drôles d’adversaires, plutôt copains. Nous nous entrainons souvent ensemble dans la savane.

Le vieux chef, lui, ne voit pas d’un très bon oeil mes débuts en course à pied mais il m’a laissé partir à Nairobi. Ma mère était ennuyée de ne pas pouvoir m’ accompagner jusqu’au bus. Elle doit garder les chèvres.

Heureusement, j’ai retrouvé Kip. Il s’est assis à côté de moi dans le bus. Nous voilà en route pour Nairobi. C’est la première fois que nous quittons nos villages et Kisumu.

La course a lieu sur un vrai stade. Il y a là de vrais athlètes avec des chaussures à clous.

Kip et moi, nous regardons nos pieds nus. Kip me chuchote :
– Pourvu que personne ne nous courre sur les pieds !
Au moment du départ, un entraineur nous explique que les cinq premiers seront qualifiés pour les championnats du Kenya. Je souhaite bonne chance à Kip qui me tape dans la main. Et je lui rappelle :

– Ils sont comme nous, ils n’ont que deux bras et deux jambes.

C’est le départ. J’ai compris qu’il me fallait partir plus doucement et je me place au milieu du peloton, à côté de kip.

Au moment où les premiers coureurs s’envolent, Kip et moi, nous les rejoignons. Dans le groupe de tête, nous sommes six pour cinq places seulement. Derrière les autres sont loin.

Il reste un tour. Je m’accroche comme je peux. Je veux attaquer.

Mais, au moment où je vais doubler, un coureur me donne un grand coup de coude et me griffe le pied avec ses chaussures à pointes. Je manque de tomber. J’évite la chute de justesse, mais j’ai perdu dix mètres sur le groupe de tête.

Kip se retourne. Il ne peut rien pour moi. Qu’il fonce ! Il me reste deux cents mètres à faire pour revenir parmi les premiers coureurs et me qualifier. Je sprinte comme un fou. Je finis à « un cheveu” du cinquième.

Je pleure de rage. Kip est troisième, il est qualifié. Mon pied est en sang mais ma colère est si grande que je ne sens pas la douleur.

Un homme s’approche de moi. Je le reconnais : c’est Keino, le premier grand champion du Kenya. C’est lui, l’entraineur ! Il me demande :
– Comment va ton pied ?
– Je n’en sais rien et je m’en fiche. Je ne suis pas qualifié pour…

  • –  Comment ça ? m’interrompt Keino. Tu vas aller te faire soigner, mon garçon. Dans vingt jours, ce sont les championnats du Kenya à Monbassa.Je balbutie :
  • –  Mais Monsieur, vous vous trompez, je n’ai fini que sixième.
  • –  Je ne me trompe pas du tout, affirme monsieur Keino. Le coureur au dossard 112 t’a poussé : il est disqualifié. Tu es donc cinquième.Kip nous a rejoints. Monsieur Keino ajoute :
  • –  Toi et ton copain, vous irez à Monbassa et je suis bien content. Maintenant va te faire soigner. Je ne veux pas qualifier un unijambiste.Je n’en reviens pas :
  • –  D’accord M’sieur. Merci M’sieur.
  • –  Ne me remercie pas, c’est grâce à toi et uniquement grâce à toi que tu es qualifié.J’ai hâte de raconter ça à ma mère !

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